Guillaume Luyet découvre la foodtech zurichoise
Salut, je suis Guillaume Luyet, fondateur de Ta Cave. Aujourd’hui, je t’emmène à la rencontre de Simon Mouttet, directeur du festival FOOD ZURICH pour cette première visite de Zurich par les «Gouromands». Avec lui, on va discuter des tendances culinaires, des start-ups montantes dans l’alimentaire et de ce qui fait de Zurich une ville innovante dans ce secteur. Participez au concours ci-dessous pour gagner deux billets pour FOOD ZURICH et une nuitée pour 2 pers. dans l’hôtel de votre choix!
Je connais assez bien Zurich et je ne m'attendais donc pas à vivre une telle expérience lorsque je suis arrivé au lieu de rendez-vous. Simon, mon guide local pour la journée, m'a donné rendez-vous dans le quartier plutôt calme et industriel de Binz. Je l'attendais donc là, debout, devant ce vieux bâtiment pour qu’il vienne me chercher. En lui écrivant un message pour le notifier de mon arrivée, je me suis demandé tout naturellement dans quels endroits Simon allait-il m'emmener aujourd'hui? La porte s’est ouverte et Simon, un grand Zurichois, très sympa et souriant, est venu à ma rencontre. Nous sommes rentrés dans les locaux de cette ancienne boulangerie qui abrite les bureaux de FOOD ZURICH et qui s'étend sur trois étages. Simon m’explique que ce lieu s’appelle DasProvisorium et que nous allons rencontrer l’équipe qui gère le lieu. A peine un pied posé dans l’entrée du bâtiment que je suis envahi par une bonne odeur de chocolat. Miam!
Accueil et début de la visite avec FOOD ZURCH avec Simon Mouttet.
Visite de la manufacture de chocolat La Flor.
Simon me signale que c’est l’équipe de chocolatiers La Flor qui s’active actuellement dans l’atelier de production. Ça explique ce délicieux fumet. On monte à l'étage où est installé l’espace de l’équipe FOOD ZURICH. La décoration est vraiment originale et propre à ce lieu. Des boîtes d'œufs sont détournées en parois, des passoires et des râpes à fromages en lampes. Cet endroit ne ressemble vraiment à aucun lieu que j’ai visité auparavant. Je fais un peu connaissance avec mon hôte Simon qui m’a concocté une après-midi riche en rencontres et échanges autour de l’innovation et de la cuisine.
Simon Mouttet
Alors, Simon parles-nous du festival que tu diriges: FOOD ZURICH
FOOD ZURICH a vu le jour en 2015. Il est né à la base de l’idée de créer un festival «food» comme à Copenhagen Cooking ou Berlin Food Week, mais on a vite pris une direction différente et on a trouvé notre propre identité. FOOD ZURICH sert de plateforme à la diversité culinaire de la ville et de la région de Zurich. C'est là que les producteurs, les start-ups, les représentants de la restauration et de la recherche peuvent se faire connaître et montrer ce qu'ils font actuellement et ce qu'ils veulent faire dans le futur. Au début, on était très content lorsque une personne nous rejoignait mais maintenant c’est incroyable l’engouement et le tournant que cette aventure a pris.
Maintenant que ça fait 7 ans que vous existez, quelle est la direction que vous souhaitez prendre?
À vrai dire, on aimerait bien ne plus uniquement ouvrir 11 jours par an, mais élargir la durée et, pourquoi pas, avoir une entité ouverte toute l’année.
Quel est votre public? Uniquement des personnes de la région de Zurich ou un public élargi?
La première année, on était concentré sur la région de Zurich mais par la suite le public s’est élargi. Avec la coopération que nous avons avec «Lausanne à Table», on a aussi beaucoup de romands qui viennent, toujours plus chaque année, et on espère qu’ils seront au rendez-vous également cette année du 8 au 18 septembre 2022.
DasProvisorium, le temple de l’innovation culinaire
Simon me propose de poursuivre la visite de cette immense bâtisse. Il m’emmène au sous-sol, où j’aperçois les équipes de MAME et de Café Noir qui torréfient leurs cafés et préparent les différents paquets. Je reprends les escaliers avec Simon qui connaît ce lieu comme sa poche et on arrive à l’étage pour discuter brièvement avec Fred Schaerlig et Julia Feldmann. Fred, un Genevois installé à Zurich depuis plusieurs années est un des fondateurs de DasProvisorium et Julia en est la co-directrice. DasProvisorium qui est le bâtiment où je me trouve, accueille tous les créatifs et entrepreneurs qui s'occupent quotidiennement des thèmes de l'alimentation, de la nourriture et de la durabilité. Depuis 2018, DasProvisorium est également une association qui s'engage à promouvoir et accompagner des start-ups.
«On aimerait bien ne plus uniquement ouvrir 11 jours par an.»
Simon Mouttet
Fondateur de FOOD ZURICH
La Flor, le chocolat zurichois
L’odeur du chocolat ne nous quitte pas et avec Simon, je continue la visite de ce lieu magique. Simon me propose d’aller à la rencontre de Barbara Eisl qui s’occupe des achats chez La Flor. La Flor est une manufacture de chocolat dont l’idée est de maîtriser toute la chaîne de production de A à Z depuis Zurich et d’une manière durable. Leur petit plus? Ils ne travaillent qu'avec des fèves de cacao de première qualité provenant de petits producteurs qu’ils connaissent et tout ça sans aucun additif. Barbara nous montre même un des chocolats avec 75% de cacao qui vient directement de Colombie par voilier. Après une visite de la production, et un donc un bain olfactif complet de chocolat, Barbara nous propose une dégustation de leur assortiment. Je dois dire que je n’attendais que ça depuis mon arrivée et je ne suis pas déçu: le chocolat de La Flor est simplement délicieux! Ils ont des dragées vraiment gourmandes avec des noisettes et des amandes, mais aussi plusieurs sortes de chocolats noirs et au lait. C’est du grand chocolat, raffiné et excellent! Et leur packaging, assez minimaliste, est vraiment cool!
Fred, comment t’es venu l’idée de créer un tel lieu?
On a eu l’idée de créer ce lieu avec des amis avec qui on avait l’habitude d’échanger tous les mois autour d’une table. On mangeait, on échangeait nos idées sur le thème de la cuisine et de la gastronomie. Un jour, on s’est dit qu’on devait trouver un endroit pour échanger et développer des idées sur le côté. Avec un lieu fixe, ça nous aiderait à multiplier les idées. Moi ce que j’aime c’est l’altruisme, rassembler les gens autour de la table et qu’ils interagissent. C’est ce que j’ai essayé de faire avec ce projet.
Quel est le bilan depuis le lancement?
On a bien grandi et maintenant on est 2,5 personnes à travailler pour DasProvisorium. J’aime beaucoup ce lieu car il y a une belle énergie. Ce qui nous différencie, c’est qu’on a réussi à créer un vrai écosystème. Il y a un vrai esprit d’entraide et de vrais échanges entre les différents acteurs de ces locaux. Toutes les entités que nous accueillons sont très actives et on organise de nombreux événements et aussi des cours de cuisine.
En pleine conversation avec Fred et Julia de DasProvisorium.
Le Gin sans alcool de Rebels, la start-up montante des spiritueux avec 0% d’alcool.
Rebels, les disrupteurs de spiritueux
Après cette dégustation, un peu de sport. Toujours en compagnie de Simon, je reprends les escaliers. Autre étage, autre projet: Simon me présente une des entreprises les plus prometteuses du bâtiment, Rebels. Leur idée? Briser les normes sociales en matière de boisson en mettant au point les premiers spiritueux sans alcool fabriqués en Suisse. L’aventure de Rebels a démarré lorsqu’un des fondateurs, Christof, a réalisé que c'est toujours ce dernier Gin & Tonic que l'on regrette le lendemain matin et que l'on se contente trop souvent de boire de l'alcool par manque d'alternatives excitantes. Peu de temps après, Janick le rejoint dans l’aventure et ensemble ils élaborent du gin, du rhum et d’autres apéritifs qui sont inspirées des classiques de cocktails. Leur garantie: ce sont des alternatives aux spiritueux avec 0,0 % d'alcool, faites à partir de plantes bio, sans arômes artificiels et avec un faible taux de sucre.
À nouveau on s’installe pour déguster. Cette fois, on est plus dans une ambiance d’apéro! Goûter ces spiritueux sans alcool, c’est une expérience très intéressante. L’alternative au gin de Rebels est très poivrée! Et la dernière gorgée laisse un côté piquant dans la gorge qui rappellerait presque de l’alcool! C’est bien fait et c’est inspirant de voir ce qui se fait en la matière. On goûte ensuite l’alternative à l’Apérol. Il est très très bon! On sent bien l’orange amère et des épices subtiles. Presque un peu de vanille, même si la boisson n’en contient pas. C’est bluffant! La clé de ces alternatives à l’alcool? Une double distillation, ce qui préserve les saveurs.
En pleine conversation avec Fred et Julia de DasProvisorium.
Le Gin sans alcool de Rebels, la start-up montante des spiritueux avec 0% d’alcool.
Tant les chocolats de La Flor que les spiritueux sans alcool de Rebels tout comme bien davantage de produits zurichois issus de manufactures locales sont disponibles à l'épicerie fine Berg und Tal située dans l’espace Im Viadukt.
Il est temps maintenant de quitter DasProvisorium et de poursuivre la visite de Zurich du côté de l’EPFZ. On saute donc dans un tram puis on prend le Polybanh, un funiculaire (Wow!) pour s’y rendre. Le terminus du Polybahn se trouve juste à côté du bar étudiant bQm, près de la terrasse de l'EPF, et jouit d’une belle vue sur la ville de Zurich. Tout au long du chemin, Simon et moi nous discutons de cuisine et d’innovations dans le domaine de la food. C’est superbe d’échanger avec un vrai passionné de son domaine.
Simon me dit que je ne peux pas partir sans avoir pu échanger avec Ivonne Blossfeld, cheffe de projet au World Food System Center. Ce centre de l’EPFZ a été créé sur la base de la conviction que les solutions pour relever les défis auxquels notre système alimentaire est confronté exigent la collaboration des parties prenantes mondiales et locales tout au long de la chaîne de valeur alimentaire.
Dr. Ivonne Blossfeld
Pourquoi ce centre a vu le jour à Zurich?
L’EPFZ a une longue expérience en développement durable, dans la recherche et dans la formation et comme notre alimentation est indissociable de ces questions, c'est tout naturellement que notre centre a vu le jour il y a 10 ans. Notre objectif est de rendre le système alimentaire et notre agriculture durable. Il y a aussi à Zurich un écosystème propice en termes d’innovation dans l’industrie alimentaire.
Votre centre fête ses 10 ans cette année. Quelles sont vos principales réalisations?
Je pense que nous avons aujourd’hui un grand réseau et beaucoup de participants qui font de la recherche autour du thème de l'alimentation. Nous comptons actuellement 52 professeurs qui travaillent sur des questions autour de l’alimentation. On collabore également à plus grande échelle. Nous connectons l’EPFZ et les chercheurs à différents acteurs comme des ONGs, des décideurs politiques, des investisseurs à un niveau mondial.
Quels sont les challenges auxquels vous serez confrontés dans le futur?
Nous sommes vraiment avancés en termes de recherche mais maintenant il faut que le fruit de ces recherches soit transformé en actions concrètes. Il nous faut davantage engager le dialogue avec les décideurs politiques, les différents acteurs dans le domaine de l’alimentation et du développement durable. Nous devons pour les années à venir implémenter le fruit des recherches qui ont été faites dans le monde réel.
Sur ces bonnes paroles, je quitte Ivonne Blossfeld et termine ce tour autour de l’innovation et de la scène «food» de Zurich.
C’était une sacrée découverte avec mon hôte Simon: un entrepreneur passionné aux service de la scène food et de l'innovation Zurichoise. J’ai apprécié son accueil chaleureux et sa convivialité. Il m'a fait découvrir les nouveaux spots et différentes start-ups montantes dans le domaine de l'alimentation.
Chacune de ces entreprises avait quelque chose d'unique et une belle énergie émanait du lieu DasProvisorium. J'aime Zurich pour son côté plaisir, le lac, les bons restaurants, mais je la trouve encore plus attractive après la découverte de son côté business, innovation et créativité.
C’est une ville qui enchante à chaque fois, et qui incite à la rencontre. Je vois qu’il y a un vrai mouvement et beaucoup d’engouement autour de l’innovation et de la scène food. Zurich est sacrément en avance dans ces domaines par rapport à Lausanne ou encore Genève et j’espère que les romands pourront bénéficier de tout ce savoir en échangeant et visitant davantage Zurich.
Simon me guide dans le gigantesque bâtiment de DasProvisorium.
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